L’observatoire du Samu Social de Paris, missionné par la région Île de France et Île de France Mobilités, a réalisé une enquête sur les sans-abris du métro parisien, qui sont chaque jour entre 200 et 350 à dormir dans les couloirs de la RATP.
C’est la première fois qu’une enquête de la sorte a été réalisée, d’après Odile Macchi, sociologue à l’observatoire du Samu social de Paris. Ils sont entre 200 et 350 sans-abris à dormir chaque jour dans les couloirs du métro parisien, soit près de 2 500 personnes différentes identifiées en 2018.
“On n’a pas de chiffres sur la situation avant aujourd’hui”, soutient la sociologue, qui a travaillé sur cette enquête, et dresse le profil type du SDF des souterrains de Paris. Une population principalement masculine et âgée: “sur 704 sans-abris rencontrés, 82 % sont des hommes (…) Près d’une personne observée sur deux (47 %) est âgée de 45 ans ou plus”, apprend-on dans le document. Un tiers d’entre eux ne reçoit aucun revenu, et 17% touchent le RSA, alors qu’un cinquième de ces SDF travaille.
“Les femmes ne rentrent pas dans l’étude quantitative, car il n’y en a que dix qui ont répondu”, note Odile Macchi. “Dans l’étude qualitative, il y a à peu près toutes les situations. J’ai parlé à deux femmes qui sont toxicomanes, qui prennent du crack, qui sont vraiment dans une situation où la vie est ponctuée par la recherche d’argent pour avoir du crack et se reposer”, raconte-t-elle.
Le métro comme refuge
“Les stations de métro, comparées à la rue, c’est la chaleur et le confort”, affirme Odile Macchi. Dans le dédale de couloirs souterrains, les sans abris s’organisent de plusieurs manières dans l’espace. “[Ils] dorment principalement dans les grandes stations et échangeurs du réseau : Auber-Opéra, Nation, République, Charles de Gaulle-Etoile, Châtelet, Saint-Lazare, Strasbourg-Saint-Denis”, liste l’enquête. “Les stations choisies par les sans-abris le sont en fonction des activités qu’ils mènent à l’extérieur ou parce qu’ils veulent rester dans leur quartier. S’ils ont perdu leur logement, ils n’ont pas envie de perdre leurs habitudes. Certains préfèrent être en groupe, d’autres seuls…”, énumère la sociologue. “Il y a aussi d’autres facteurs comme la chaleur de la station, le rapport avec les agents de station, le passage ou non d’équipes de sécurité qui entrent en jeu…”
Certains préfèrent même le métro aux centres d’hébergement, la faute à de mauvaises expériences vécues là bas. “Ils ont pu y connaître des vols, des conditions sanitaires dégradées, de la violence…”, justifie Odile Macchi. “Il y a des stations, une fois fermées, où ils s’y sentent mieux que dans un centre. Pour ceux qui commencent à s’endormir quand il y a encore des voyageurs, ils peuvent dormir plus longtemps que dans le centre où ils vont être envoyés très tard et être réveillés vers cinq, six heures”
Les maisons de région solidaires
Dans une interview accordée à 20 Minutes en mai dernier, la présidente de la région, Valérie Pécresse, avait déjà déclaré vouloir prendre à bras le corps la situation des SDF dans le métro. Sa solution: l’ouverture de “maisons de région solidaires”, qui se veulent être “plus que des centres d’hébergement”. “Ces maisons seront donc des lieux d’hébergement, de réinsertion, de resocialisation en lien avec des professionnels de santé pour lutter notamment contre les addictions ou autres troubles. Ces maisons seront un accueil à long terme de jour comme de nuit : il ne s’agira pas uniquement d’un répit”, promet-on du côté de la région, qui indique avoir investi 5,5 millions d’euros en 2019 dans la création de ce réseau.
La promesse est bien accueillie au Samu social de Paris. “Il y a saturation des places”, pointe du doigt Odile Macchi. “C’est une bonne chose d’ouvrir de nouveaux lieux. Leur point positif, c’est qu’il y a un accompagnement psycho-medico-social de prévu”
Deux de ces structures ont déjà ouvert dans les Hauts de Seine. Une à Clichy-la-Garenne, née d’un partenariat entre la ville, la Croix Rouge et le Centre d’accueil et de soins hospitaliers de Nanterre, qui dispose de 120 places, et une à Issy-les-Moulineaux, de 25 places, dédiées “aux femmes et aux familles dormant dans le métro”. « Seine Ouest Insertion prendra en charge le répit des sans-abri tout en proposant des activités sociales et de réinsertion, en partenariat avec la commune ».
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