Quelques blocages, des annulations de partiels, l’ouverture de gymnase pour héberger des étudiants, prise en charge des frais de VTC… La rentrée de janvier est mouvementée pour les universités franciliennes. Au centre des tensions: la tenue des partiels alors que la grève des transports bat son plein.
Devant le bâtiment A de l’université de Nanterre, une petite centaine de personnes se tient sur le parvis, en face de l’entrée. Les portes sont barricadées par des poubelles et des barrières, qui ont été posées tôt ce matin. Toute la partie ouest du campus est bloquée de la sorte, soit cinq bâtiments (A, B, C, D et E). Ce mardi 7 janvier, la direction de l’université a décidé de reporter les partiels qui devaient se tenir dans cette barre d’immeuble. « On est mobilisé contre la réforme des retraites, la suppression de la compensation, des rattrapages, et de la semaine de révisions, la tenue des partiels dans ces conditions », attaque Mickaël, étudiant de Paris X syndiqué à l’Unef.
« Le blocage a été voté quasiment à l’unanimité, après l’Assemblée Générale d’hier », explique Héloïse, qui a participé à l’action. Elle explique que l’AG a réuni quelques 300 personnes. Un chiffre peu élevé, mais « pas mal pour la reprise », souligne l’étudiante en lettres.
« Certains étudiants ne peuvent pas se rendre à leurs partiels »
Dans la foule d’étudiants massée face au bâtiment A. Kamel, du syndicat RS-RATP, est venu avec une délégation de salariés pour apporter son soutien aux étudiants mobilisés. « On est là pour éveiller les consciences, inviter les jeunes à nous rejoindre contre la réforme! Quand la jeunesse s’engage, le pouvoir tremble », lance-t-il. Un peu plus tard, des postiers en grève rejoignent également le contingent.
Depuis plusieurs semaines, métros, transiliens, RER et bus sont paralysés à la suite d’une grève massive des salariés de la RATP et de la SNCF contre la réforme des retraites. « Certains étudiants ne peuvent pas se rendre à leurs partiels », expose Mélanie Luce, présidente de l’Unef. « Il faut trouver une adaptation pour les partiels à la fois parce qu’on défend l’égalité entre les étudiants, et que l’on ne peut pas imposer de passer des partiels dans ces conditions là, mais aussi parce qu’il ne faut pas empêcher aux étudiants de se mobiliser contre la réforme des retraites », continue-t-elle. Ainsi, l’Unef demande aux universités franciliennes de permettre à tous les étudiants de composer des devoirs maison, et de ne pas bloquer le 9 janvier, jour de mobilisation importante contre la réforme des retraites, pour des examens.
Un mouvement étudiant qui touche inégalement les universités franciliennes
A Paris 10, certaines dispositions prises par l’université pour la bonne tenue des partiels ont fait grincer des dents. Le président Jean-François Ballaudé a pourtant ouvert le gymnase afin de proposer « un hébergement temporaire (…) aux étudiants subissant des difficultés de transports importantes », écrit-il dans un mail. Une mesure qui agace Héloïse et Mickaël. « Il n’y a que 50 places et on nous a demandé d’apporter nous même notre sac de couchage. Ils veulent nous faire dormir à même le sol! ».
Au delà de Nanterre, les étudiants se mobilisent dans d’autres universités d’Île de France et un certain nombre partiels ont déjà été repoussés. La mobilisation n’est en revanche pas égale partout.
- A Paris, les sites de Malesherbes, Clignancourt, Sorbonne mère, et Michelet ont été bloqués lundi, entraînant une annulation partiels de l’UFR (ou faculté) de lettres de Sorbonne Université, censés se tenir en janvier.
- A l’Université de Paris (anciennement Descartes et Diderot), la tenue des partiels dépend de chaque UFR, mais aucun ne se tiendra le 9 janvier. « L’UFR de cinéma a décidé d’annuler complètement les partiels de mettre une note palier de 13 à tout le monde. D’autres UFR sont en train de réfléchir à la même solution », informe Margaux, du syndicat Solidaires Étudiants.
- La Sorbonne Nouvelle avait décidé d’avancer ses partiels avant la grève.
- A Paris 8 (Saint-Denis/Vincennes), la majorité des partiels avait eu lieu avant les vacances. Les UFR qui avaient prévu d’organiser leurs partiels en janvier prennent chacun des « solutions adaptées » (report, devoir maison…)
- A Panthéon-Sorbonne, la présidence a également pris la décision de reporter les partiels.
- L’Upec a prévu des aménagements d’horaires pour les partiels
- Certains UFR de l’UPEM, comme celui de Sciences Humaines et Sociales ont décidé d’annuler leurs partiels.
- A Evry, plusieurs dispositions ont été prises pour permettre aux étudiants de se rendre à l’université, dont le remboursement de frais de VTC ou covoiturage sur présence d’un justificatif. Pour la présidente de l’Unef, ces mesures sont insuffisantes. « Certains étudiants n’ont même pas sur leur compte de quoi payer un VTC avant de se le faire rembourser », argue-t-elle
- L’Université de Cergy a décidé de faire passer ses partiels comme prévu.
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