Aida Nosrat, chanteuse, et son époux Babak Amir Mobasher, guitariste, ont fui l’Iran en 2015 pour échapper à l’interdiction pour une femme de se produire en public. Ce vendredi 21 juin à 20h30, ils seront à l’Institut des cultures d’Islam pour la fête de la musique, à l’initiative de Paris sans frontières.
Originaires de Téhéran, les deux musiciens jouent à deux depuis 16 ans mais ne pouvaient se produire ensemble. C’est grâce à un visa compétences et talents que le couple a pu entrer en France, évitant un statut de réfugié politique qui les aurait coupés définitivement de leur pays, famille et amis.
Agée de 34 ans, Aida, aux cheveux noirs et bouclés, a commencé à apprendre la musique européenne classique à l’âge de six ans, étudiant dans l’unique école de musique d’Iran dès ses douze ans. Violoniste hors pair, elle intègre l’orchestre symphonique de Téhéran et y reste durant sept années. Mais cela ne l’épanouit pas totalement. Car ce dont a toujours rêvé Aida, c’est de chanter. Mais cela, elle a décidé se l’interdire dès ses onze ans, pour éviter les frustrations. «En Iran, les femmes n’ont pas le droit de chanter seules en public. Je ne me voyais pas devenir chanteuse professionnelle là-bas», confie-t-elle d’une voix grave. Après leur mariage en 2003, Aida et Babak décident pourtant de passer outre en sortant un premier album en Allemagne, en 2010.
Voix libre d’Iran, Aida refuse toutefois que sa musique soit comparée à un acte politique. «Je veux juste chanter, je suis une artiste», insiste-t-elle. «Mais si les femmes en Iran me voient comme un modèle qui leur donne de l’espoir, cela me rend très heureuse.»
Lui, guitariste de flamenco autodidacte, a grandi dans les traditions chrétiennes et n’a pas étudié de manière aussi académique mais leur intérêt commun pour la musique du monde leur ont permis de s’emparer ensemble d’un mélange de musique traditionnelle et folklorique iranienne, de jazz manouche et de flamenco. Aida et Babak ont composé leur dernier album, Manushan, autour de la musique actuelle persane. Il s’inspire du Shâh nâmé, soit Livre des Rois, un poème épique retraçant l’histoire de l’Iran depuis la création du monde jusqu’à l’arrivée de l’Islam. Une parcelle de la culture iranienne essentielle au style que souhaitent diffuser Aida et Babak, basé sur l’inspiration et l’improvisation. Pour l’occasion, le duo a été rejoint par les percussions d’Habib Meftah Bousheri, la contrebasse d’Antonio Licusati, la clarinette basse de Denis Collin, le zarb et le tombak de Pablo Vuelho. Aida et Babak sont aujourd’hui à l’affiche de près d’une quinzaine de concerts et travaillent à un nouvel album qui sortira fin 2019.
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