Une Fête de la musique un peu trop institutionnelle?

Photo © Jean-Pierre Dalbéra

La Fête de la musique du 21 juin a fait des émules dans une centaine de pays. Un succès formidable pour cette manifestation qui s’est institutionnalisée au fil des ans, au risque de perdre un peu de sa spontanéité originelle.

Initiée en 1982 par le ministre de la Culture Jack Lang et son directeur de la musique et de la danse Maurice Fleuret, la Fête de la musique visait l’explosion de la musique amateur à chaque coin de rue, du trio de musique de chambre au groupe de rock. A mesure que le mouvement a pris de l’ampleur, ce rendez-vous culturel a été investi par des institutions et collectivités, qui, en voulant bien faire, l’ont aussi corseté en organisant des concerts très en amont avec une sélection de groupes. Beaucoup de villes mettent les bouchées doubles pour offrir une belle fête aux habitants et les moyens scéniques et promotionnels mis à disposition des jeunes talents peuvent constituer pour ces derniers de sérieux coups de pouce, comme certains s’en souviennent. (Lire notre article : Se produire au-delà de la Fête de la musique: le parcours du combattant). Mais les scènes ouvertes restent rares et l’incitation à oser sortir jouer devant les autres ne semble plus la priorité.

«Au début des Fêtes de la musique, le rôle de la ville était de faire en sorte que l’espace public puisse accueillir les musiciens amateurs», explique Elizabeth Auclair, professeure à l’Université de Cergy, qui s’intéresse notamment aux questions de politiques culturelles. «Depuis une quinzaine d’années, c’est progressivement devenu une offre culturelle comme toutes celles qui sont déclinées le reste de l’année», regrette-t-elle.

Pour les groupes qui souhaitent s’installer n’importe où dans les rues de la capitale, il faut désormais réclamer une autorisation à la préfecture de police. Au fil des années, Édouard, jeune musicien qui en est à sa cinquième Fête de la musique, a constaté un «allongement des délais» pour obtenir son autorisation. «L’an dernier, je l’ai reçue la veille», rembobine le jeune parisien. Et l’autorisation, on ne l’obtient pas toujours. Bien-sûr, on peut toujours jouer sans, mais au risque de se voir infliger une amende, même si cela «reste assez rare», assure-t-on au ministère de la Culture. «La déclaration en préfecture permet surtout d’éviter qu’il y ait plusieurs personnes au même endroit ou d’avoir des animations très différentes trop proches. Un concert électro à côté d’une chorale, par exemple

«A l’origine, chaque personne qui avait envie de jouer de la musique prenait un instrument et jouait si elle en avait envie, se rappelle David Bilzic, travailleur socio-culturel. Il y a pas mal de jeunes dans qui ont des pratiques en amateur, que ce soit le chant, la danse ou autre, et qui n’ont pas forcément la patience de demander une autorisation pour se produire, ou les contacts pour pouvoir le faire dans un bar.»

 

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