Musique : ils ne sont pas célébrissimes mais ils en vivent, heureux

Photo © Christophe Barette

Karine Huet, Roger Cactus (photo), Kissia San et Eddy Leclerc sont des musiciens. Des passionnés qui vivent pleinement de leur art depuis des années. S’ils ne sont pas sur tous les plateaux télé, ils ont leur petite notoriété. Rencontre.

A l’approche de la fête de la musique, difficile de parler musique avec des pros car chacun et chacune jonglent avec son planning de « répètes». «Le 21 juin, c’est le seul jour où l’on met une heure de fin sur les contrats. Je suis, à 19 heures mairie de Bagnolet pour jouer de la folk et après, je file à Saint Mandé, jouer de la musique brésilienne» dévoile l’accordéoniste Karine Huet. Planning aussi booké pour le chanteur Roger Cactus qui commence le matin par un bal pour enfants dans une école maternelle à Houilles avant d’enchaîner dans un Ehpad à Saint-Maur-des-Fossés pour finir le soir à Nogent-sur-Seine… Kissia, elle sera choriste à côté de Nina Attal sur la scène du parvis de Neuilly-sur-Seine à partir de 21 heures tandis qu’Eddy, le Montreuillois, fera des riffs de guitare devant le public de Loire Atlantique.

Pour Karine, Roger, Kissia et Eddy, le 21 juin n’est pas le seul jour de représentation. Chacun a réussi à tracer sa route, parfois en bourlinguant pas mal, comme Eddy Leclerc qui a sillonné les États Unis, l’Europe, l’Afrique. L’Algérie l’a surtout marqué. «J’ai accompagné le chanteur Khalifa dans un pays très chaleureux, magnifique. J’ai fait de belles rencontres musicales. J’adore écouter chanter en arabe. Il y avait des mélanges de musique traditionnelle et de rock.» Karine Huet, elle, a porté s l’Amérique du sud, et plus particulièrement le Brésil. Depuis 2007, elle, a fait souffler son accordéon en Amérique du sud, surtout au Brésil, pour travailler avec des musiciens locaux. Symbole de la France, le piano à bretelle est aussi celui du nord-est du Brésil et l’artiste a été sélectionnée par le consulat français pour célébrer le 14 juillet 2017.

Concilier sa quête artistique et ses fins de mois, l’enjeu n’est pas toujours simple. «C’est compliqué de vivre de son art, il faut être aussi marchand, commerçant, on fait parfois des concerts dont la programmation n’est pas exactement celle que l’on aurait rêvée de jouer mais la plupart du temps, j’aime ce que je fais, témoigne l’accordéoniste. Aujourd’hui, il n’y a plus de producteurs pour les salles de moins de 300 places donc cela demande d’être un peu entrepreneur pour monter ces projets. J’arrive à faire passer les miens par mon réseau.» Avec plus de vingt ans d’expérience, huit albums pour enfants et une multitude de concerts, Roger Cactus garde le cap de la qualité pour la création de ses spectacles jeune public «Lorsque l’on joue pour des enfants, on se doit de leur ouvrir l’esprit, et d’avoir une exigence de qualité. On a aussi une mission éducative.»

A l’hôpital, dans les Ehpad, faire du bien aux gens

Que ce soit en Europe ou en Afrique, Roger Cactus connaît bien le jeune public, mais il a décidé de jouer aussi pour un public adulte, ce qu’il fait avec des amis dans le cadre de son répertoire Chansong, qui propose des chansons très connues des années 1960 à nos jours. «On joue dans des bars, pour des associations ou bien encore dans des Ehpad où l’on a monté un répertoire avec des chansons plus anciennes. Il y a un retour très touchant, on sent qu’on apporte quelque chose de fort aux gens, cela leur fait traverser pleins d’émotions, de souvenirs. La musique fait du bien aux gens. Je joue aussi régulièrement à l’Institut Gustave Roussy (Centre de lutte contre le cancer) de Villejuif qui reçoit des patients atteints de cancer. J’enfile blouse et masque et vais jouer dans des chambres pour des gens qui sont à l’isolement. Le rapport est très intime avec les personnes. Je transmets de la joie, du réconfort, un moment de respiration pour eux, je les emmène ailleurs le temps de quelques chansons.»

Kissia Sian, chanteuse aux influences plutôt soul, a intégré un collectif funk Echoes of, un groupe de 9 chanteurs et 9 musiciens qui se produit au New Morning, après avoir chanté avec Eddy Leclerc. Elle est aussi choriste pour Nina Attal depuis plusieurs mois. «Être artiste, c’est un rêve d’enfant, j’ai toujours entendu ma mère chanter… et puis j’ai découvert un jour Tina Turner. Pour mes 19 ans, j’ai commencé dans une troupe de cabaret.»

Eddy Leclerc, qui a débuté la guitare à 12 ans avant de suivre une licence de musicologie. Avec son groupe Rumble 2 Jungle, il prépare un nouveau live avec sa nouvelle chanteuse et projette un deuxième album pour 2020. Il sera au festival Les grosses guitares à Lyon, le 21 septembre. Cette vie de musique, il ne la troquerait pour rien au monde. «Une année ne fait pas l’autre, il y a des années plus fastes, après c’est sûr que l’on vit des moments tellement incroyables, être applaudi sur scène, il n’y a pas beaucoup de métiers où l’on peut vivre ça.»

Article rédigé par : Journaliste

CB

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