Plus 30% d’utilisation du vélo en 10 ans, un boom de 100% à Paris entre janvier 2019 et 2020… Les chiffres du vélo ont été boostés par l’effet grève, mais pas que. Pour plusieurs associatifs, c’est aussi le signe que les infrastructures cyclables franciliennes ont gagné en qualité.
“On en est pas encore aux embouteillages de vélo comme on peut voir à Copenhague ou en Hollande”, plaisante Pierre Serne, président du club des villes cyclables et administrateur d’Île de France Mobilités. Pourtant, l’augmentation du nombre de cyclistes a explosé en un an: entre janvier 2019 et 2020, l’utilisation du vélo a doublé dans la capitale. Et le constat est à peu près similaire en Île De France, surtout en proche banlieue, affirme le président du club des villes cyclables. Mais difficile d’avoir des chiffres précis. “On a très peu de capteurs dans les villes au delà de la proche banlieue”, justifie-t-il. “A Paris, il y a beaucoup de capteurs. C’est monté très très haut pendant les grèves. Il y a certaines rues où on a été à 200% d’augmentation”, se souvient-il. “C’était pas inattendu, on a toujours espoir que les politiques publiques seront suivies des résultats et des effets espérés. C’est pas toujours le cas, mais là c’est impressionnant.”
Une augmentation due à la hausse de qualité des infrastructures
Cette augmentation est redescendue après la fin de la grève, mais les chiffres se sont stabilisés au dessus de ceux de l’année dernière. “Ce que disent ces chiffres, c’est que la pratique du vélo a un peu baissé après la grève, mais ceux qui se sont mis au vélo ont continué à en faire”, interprète Louis Bellenfant, directeur du collectif Vélo IDF, à l’origine du projet de RER Vélo. Il continue: “Ce sont des gens qui ont découvrent un mode de déplacement agréable et efficace, et qui se demandent donc pourquoi retourner dans les transports en commun ou reprendre leur voiture? Ils ont pu découvrir de nouveaux aménagements, certes pas suffisants, mais qui permettent d’avoir une pratique du vélo plus agréable qu’auparavant.”
Une analyse partagée par Olivier Schneider, président de la Fédération des usagers de la bicyclette, qui a participé au baromètre 2019 des villes cyclables. “Il y a des progrès indéniables un peu partout. En Île de France, le nombre de villes qui ont répondu à notre enquête a largement augmenté [par rapport à 2017, date du dernier baromètre]”, soutient-il. “Rares sont les villes qui ne se vantent pas d’avoir créé un certain nombre de kilomètres de pistes cyclables.” Ce changement d’attitude des municipalités par rapport aux cyclistes a favorisé leur augmentation. “Ce qu’il faut retenir, c’est que l’augmentation qu’on constate est aussi dûe à une accélération de création d’infrastructures. Sur les 18 ou les 24 derniers mois, il y a eu énormément de grosses infrastructures cyclables qui se sont construites, notamment la grande voie bi-directionnelle sur la rue de Rivoli, à Paris”, avance Pierre Serne, qui a pu mettre la main sur les premiers chiffres de l’enquête sur les habitudes de déplacement des franciliens faite toutes les 10 ans. “Il y a eu une augmentation de 30% du nombre de cyclistes sur la région. C’est plus fort et soutenu à Paris, mais pas uniquement.”
“Il y a un écart entre les attentes et la réalité”
Mais pour les trois défenseurs du vélo, les infrastructures ne sont toujours pas à la hauteur. “Il y a un écart entre les attentes et la réalité”, regrette Olivier Schneider. “Il y a des infrastructures qu’il va falloir améliorer”, soutient Louis Bellenfant. “On se sent parfois à l’étroit sur les anciennes pistes cyclables comme celles du boulevard Magenta, où il y a énormément de cyclistes. Et puis aux intersections, aux carrefours, on se rend compte que quand il y a beaucoup de cyclistes, les infrastructures sont mal dimensionnées”, continue le directeur du collectif Vélo IDF. “On peut voir notamment au niveau de Bastille que dès qu’il y a plus de trois cyclistes, on est un peu à l’étroit, on déborde un peu sur le trottoir. Ca montre ce qu’il va falloir faire pendant la prochaine mandature – sur Paris et sa proche banlieue – en terme de vélo.”
Pierre Serne, lui, préfère voir le verre à moitié plein. “Il commence y à avoir un vrai réseau structuré, maillé, et continu. Plus il y a de cyclistes, plus ça pousse à développer les infrastructures.”, se réjouit-il.
Attendons les premières pluies..
100% de rien du tout, ça ne fait pas grand chose … 2 cyclistes à l’heure on passe à 4, super.
10 km de vélo ça peut le faire mais pas mal de gens habitent à 25-30 bornes de Paris et y travaillent. Les pistes ne font généralement toute la distance et quand il pleut ce n’est pas la même chose même avec des vêtements de pluie.
Et faire 2h de vélo A/R dans la journée (15-20km du lieu de travail) au bout d’un moment c’est chiant surtout en plein hiver, j’ai testé 15 jours ça m’a suffit.
Ceux qui veulent imposer le 2 roues à tout le monde habitent à 10 bornes grand max de leur lieu de travail, commencent à 9h et ça ne les gênent pas de bouffer 50 % de la voirie pour 2% qui pédalent. Donc plutôt des intégristes de la pensée unique « écolo » que des pragmatiques.
J’aime la délicatesse et la mesure qui caractérisent votre post, ainsi que la qualité des « informations » émises.
Pour les deux cyclistes à l’heure, voir ici : https://opendata.paris.fr/explore/dataset/comptage-velo-donnees-compteurs/information/?disjunctive.id_compteur&disjunctive.nom_compteur&disjunctive.id&disjunctive.name ou là : https://www.franceinter.fr/societe/paris-certains-boulevards-sont-dorenavant-plus-empruntes-par-des-velos-que-par-des-voitures.
Pour les 50% de la voirie « bouffés » par les vélos, même si cet article date un peu la situation n’a pas beaucoup évolué : https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/11/30/a-paris-la-moitie-de-l-espace-public-est-reservee-a-l-automobile_5040857_4355770.html
Désolé ces illustrations ne concernent que Paris mais je pense qu’il en est de même ailleurs.
Et pour le public cible, il y a certes des gens qui habitent loin de leur lieu de travail et pour lesquels le vélo n’est pas une solution. On peut aussi rappeler que 50 % des déplacements en voiture font moins de 5 km.
Il n’est pas question d’imposer le deux-roues à tout le monde, mais de permettre à ceux qui le souhaitent de pouvoir l’utiliser. un équilibre est à trouver entre les différents modes de déplacement, où tous ont leur place. Et oui, cela passe nécessairement par une réduction de l’espace dévolu à l’automobile, puisqu’il s’agit du principal occupant de la voirie.